Projet de Croix glorieuse pour la Cathédrale de Bordeaux

Une Croix glorieuse pour la Cathédrale Saint-André de Bordeaux

La Commission d’Art sacré de l’Évêché de Bordeaux a organisé un appel à projet pour la réalisation d’une Croix glorieuse pour habiter le cœur de la Cathédrale Saint-André de Bordeaux.

Les Ateliers Bathie & al. ont proposé une croix grecque en bois brûlé doré.

La croix s’inscrit dans un carré de 176 cm de côté, les longueurs et largeurs des branches étant respectivement de 77 et 22 cm. L’épaisseur de la
croix est de 11 cm.

Le bois proposé est le chêne, symbole de majesté, bois de trône. Ce bois est superficiellement brûlé selon la technique japonaise du Shu Sugi Ban. Celle-ci confère au bois une couleur matte noir profond et un relief de type « peau de crocodile ».

Symboliquement, le bois brûlé figure, de façon saisissante, la kénose : le bois naturel original est comme appauvri, dépouillé. Le bois brûlé est aussi comme marqué dans son essence par Celui qu’il a porté, à l’image du Suaire de Turin comme « impressionné » par la Résurrection.

Esthétiquement, le bois brûlé inscrit la croix dans notre époque où les artistes européens se saisissent de ce matériau « nouveau ».

Fonctionnellement, le brûlage protège le bois des agressions extérieures comme les champignons ou les insectes par la couche de carbone dure créée lors du processus.

Un brossage puis un huilage stabilise complètement le matériau qui ne nécessite alors plus aucun entretien. Il n’y a ni effritement possible, ni dégagement de suie.

La palette des matières : bois brûlé et or

Des reliefs en creux dorés à la feuille d’or (technique de la miction à l’huile) viennent animer les surfaces des branches de la croix. Ces reliefs s’inspirent
d’une part des crux gemmata (pattes, médaillon central, etc.) et de la croix de Saint-André d’autre part, permettant ainsi de contextualiser l’objet : il s’agit d’une croix pour la Cathédrale de Bordeaux.

La confrontation du noir du bois brûlé huilé et du jaune métallique de la dorure est juste et réjouissante. Le bois brûlé/doré renvoie à la tension entre pauvreté et noblesse tout en en inversant les principes (rareté du bois brûlé dans une église devant l’abondance de dorure). Les ornements dorés évoquent la gloire conférée à la Croix : dans un seul objet, kénose et apothéose sont rassemblées.

La croix est conçue avec un recto, la face principale, essentiellement en bois brûlé souligné d’or, et avec un verso qui est son parfait négatif, principalement doré, souligné de noir.

Le verso de la Croix

Le dispositif de suspension envisagé permet de pivoter la croix sur son axe vertical afin d’exposer le recto ou le verso. Les Ateliers Bathie & al. souhaitent proposer avec ce dispositif l’occasion rare pour la communauté diocésaine d’instituer un rituel : il devient en effet possible avec cette croix
de choisir d’exposer temporairement, au fil de fêtes liturgiques choisies par la communauté paroissiale, la croix « face dorée ».

De la kénose à l’apothéose

Enfin, le dispositif envisagé comprend la mise en oeuvre de deux projecteurs lumineux à faisceaux croisés et orientés sur la croix disposés aux extrémités
des stalles fermant le sanctuaire actuel afin d’éclairer et mettre en valeur, lorsque nécessaire, la Croix glorieuse.

Ce projet n’a pas été retenu par la Commission d’Art sacré.

Pierre-Emmanuel Bathie.

Vers le fichier de présentation de la proposition (.pdf, 10 Mo)